Le laboratoire artistique «Open End»

Tourné autant vers le passé que le futur Open End choisit le cimetière comme plate-forme artistique et dernière halte avant l’inconnu.

L’essentiel en bref

Créée par Vincent Du Bois, Open end est une installation artistique originale protégée par le droit d’auteur qui utilise le cimetière pour regrouper des artistes autour des thèmes qui sont en train de modeler l’avenir. Le cadre décrit ci-dessous sert à mettre sur pied les expositions qui présentent Open End. Open End est conçu comme un laboratoire ou une plate-forme de réflexions qui s’appuie sur la force du collectif pour favoriser les échanges et les émulations. Pour se réaliser, Open End établit un partenariat avec la ville, la communauté ou l’institution concernée. Open end est aussi un projet transversal qui s’appuie sur le soutien et le savoir-faire des services locaux.

L’association DART a été créée dans le but de présenter Open End. DART étant constitué majoritairement d’artistes, l’association accueille et invite d’autres créateurs ou acteurs de disciplines variées à dialoguer sur les thèmes développés à chaque exposition.

Informations générales

Principe: Utiliser le silence des cimetières pour sonder le vacarme de la modernité.

Buts: Remettre de l’art dans les cimetières / utiliser l’art dans sa vocation première d’interroger le mystère de la condition humaine / questionner l’évolution technologique / interroger l’immortalité versus l’effondrement des ressources / l’accélération.

Titre des expositions: Open-End + sous titre variant à chaque nouvelle exposition

Lieux: Les cimetières ( + les communautés ou institutions liées).

Type d’expression: Tout type d’expression artistiques

Collaboration: Association DART et les lieux partenaires

Nombre d’artistes: flexible et adapté à chaque événement

Durée des évènements: deux à quatre saisons

Financement: Soutien des communautés d’accueil, subventions publiques, fondations privées

Les thèmes du laboratoire Open End

  • Le passé : la mémoire, les origines, la matérialité
  • Le présent: la transition des modes vies (entre nature, technologie et urbanisme)
  • Le futur: La technologie, la dématérialisation, l’amélioration biologique d’homo-sapoiens, l’effondrement des ressources.

Citations

  • le cimetière, miroir brisé de la modernité
  • le cimetière délaissé mais intouchable
  • le silence du cimetière contre-point au vacarme du progrès
  • la lenteur des cimetières rempart à l’accélération du temps
  • la tombe, première sculpture de l’humanité
  • le cimetière, premier lieu de la pensée symbolique

Présentation du projet, origine et développement

L’origine

Open end est le fruit d’une rencontre entre la direction des Pompes Funèbres de Genève (SFP) et Vincent Du Bois, plasticien et sculpteur, issu lui-même, via sa lignée maternelle, d’une tradition de plusieurs générations de marbriers-sculpteurs italiens. En 2012 le SPF et son équipe, sensibilisés par un courrier de l’artiste déplorant la démolition et le passage au concassage d’anciens ouvrages funéraires, l’invitèrent à proposer des solutions pour la sauvegarde de ce patrimoine. « L’art s’efface silencieusement des cimetières » fut le moto de la préoccupation originelle de l’artiste, puisque ces lieux sont porteurs d’une riche histoire racontée par la pierre ouvragée qui mérite mieux que la démolition. La tradition protestante, qui conserve peu et garde peu, impose un rythme de renouvellement des tombes fréquent qui a permis aux cimetières locaux de faire peau-neuve près de cinq fois en un siècle. La tradition de l’image amenée par les artisans latins de la fin du XIX e s. a donc ainsi déjà presque disparu, remplacé rapidement par un art funéraire plus industriel et formaté qui n’a « d’art » plus que le nom. Ces constats débouchèrent sur plusieurs idées innovantes. Outre la décision de changer la loi sur l’obligation de concassage des concessions venues à termes et de créer une commission qui sélectionne et conserve les ouvrages funéraires dignes d’intérêt, apparu la nécessité de relier l’histoire au présent au travers d’une réflexion artistique. Vincent Du Bois, dont le travail est tourné vers l’art contemporain, suggéra alors une approche novatrice consistant à mettre en place des expositions temporaires dans les cimetières de la Ville.

Madame Esther Alder, la Conseillère administrative en charge de la solidarité et de la cohésion sociale (dont les cimetières cimetières dépendent) de l’époque, dont la volonté était de « remettre de la vie dans les cimetières » adhéra et encouragea ce projet. Vincent Du Bois qui est dans le cadre de son propre travail de création en lien avec une variété importante d’artistes contemporains, se vit confier la mise sur pied d’une exposition temporaire dans un des quatre cimetières de la Ville Genève. Il dessina alors les contours du concept Open End (nom qui lui fut donné par l’artiste Gianni Motti) et invita un premier groupe d’artistes à proposer des œuvres s’insérant de ce cadre. Pour cette première édition, le cimetière des Rois fut choisi, à la fois pour son caractère patrimonial, sa position géographique centrale et la distance qu’il impose face au drame de la disparition (le cimetière des Rois abrite des tombes historiques).

Pour répondre aux exigences administratives l’association DART fut crée avec la mission de mise en valeur du geste Open end. L’association organise les expositions Open End et gère le curatoria en interne ou s’adresse à une compétence externe. Lors de la première édition Open End, de 2015-2016, DART collabora par exemple avec le commissaire Simon Lamunière. L’association s’assure également à ce que les travaux artistiques soient compatibles avec la paix des morts et le respect des familles. Enfin, juridiquement le cimetière étant un lieu privé mais ouvert au public, celui-ci est un lieu clos et fermé la nuit, e qui offre une certaine garantie de préservation des œuvres.

Le contexte du cimetière comme laboratoire artistique

Les cimetières se meurt, a dit le thanatologie Bernard Crettaz. En effet, c’est un constat, les cimetières sont moins investis. Pourquoi? Voici les premières questions qui sont à la base de Open end. La nécessité de confronter la modernité aux us et coutumes ancestraux qui ont modelé les cimetières. La place des disparus et de ceux qui s’en occupent ou les objets qui les honorent, forment à eux tous un vaste domaine souvent mal mené par les mues sociétales et qui est pertinent à explorer. Installer des approches artistiques contemporaines au cœur de lieux aussi traditionnels et sacrés que les cimetières implique la rencontre de deux mondes dont le dialogue ne peut être que riche et contrasté. Outre les questions qui portent sur la mémoire et les traditions, Open End est particulièrement attaché à utiliser l’art dans sa vocation première, à savoir comme outil de questionnement. Open end s’intéresse aux liens et aux ruptures qui articulent le passé à notre époque. C’est un regard critique qui cherche à être posé où les grands thèmes de sociétés doivent être questionner largement. Open End oriente donc forcément son laboratoire aussi vers le futur.

Remettre de l’art dans le cimetière afin de créer du dialogue autour des thèmes qui refaçonnent sans cesse nos sociétés, s’érige en base de ce cycle d’expositions, réunissant des créateurs d’horizons variés. Open End incarne alors ce premier geste qui s’inspire de la lenteur des cimetières pour scruter l’accélération des temps et qui écoute le silence des tombes pour prendre du recul sur le vacarme du progrès. Ici la passé et la mémoire se heurtent à la complexité croissante des technologies de demain et des mondes très abstraits qu’elles génèrent. La vitesse à la quelle le monde se redessine chaque jour génère un lot d’hypothèses et d’incertitudes dont l’art doit se saisir. Ici le silence des origines rejoint celui qui étouffe toute réponse sur l’avenir de nos sociétés. Et si la tombe fut peut-être la première sculpture de l’humanité et le cimetière le premier lieu de questionnement sur la condition humaine, alors Open End peut librement s’essayer à relier les interrogations d’hier et de demain, au moyen de l’art pour sculpter le futur.

Association DART

1ère édition, cimetière des Rois, Ge (2015 à 2017): Vincent Du Bois (président, choix thème et artistes), Xavier Sprungli (trésorier), Elodie Hainard (administration), Simon Lamunière (collaboration curatoria)

2e édition, cimetière des Rois, Ge(2019 à 2023): Thomas Hempler (président et pilote), Vincent Du Bois (choix thème et artistes), Luca Depietri (dramaturgie) Xavier Sprungli (coordination technique), Véronique Loeff (trésorière) Membres actifs: Claudio COLUCCI Elena Montesinos (montesinosfoundation).

3e édition, cimetière des Rois, Ge (2027): Thomas Hempler (président et pilote), Vincent Du Bois (choix thème et artistes), Luca Depietri (dramaturgie) Xavier Sprungli (coordination technique), Véronique Loeff (trésorière)